SIRVENTÉS

Présent dès les premiers balbutiements du Trobar (la poésie des troubadours), le sirventés est de style contestataire : il décrit sans ménagement les violences de son siècle, la stupidité des puissants et la fugacité des sentiments humains. Au cliché réduisant le troubadour à un amant éploré réfugié dans sa tour d’ivoire, le sirventés oppose l’image d’un poète-musicien qui brocarde les princes, moque l’Eglise, pris avec ses contemporains dans les tourments et la guerre.

Les trois musiciens ont choisi de respecter, en les développant ou en s’en inspirant, les mélodies originales, consignées à la fin du XIIIème siècles par les  derniers troubadours. Ils mettent à profit leurs expériences respectives, accumulées lors de rapprochements – utopiques ou avérés – entre les musiques orientales et occidentales, populaires et savantes, anciennes et contemporaines, pour explorer toutes les potentialités de la monodie occitane médiévale. Coutumiers de la digression et de l’improvisation, ils proposent aussi une réponse courtoise, immodérée et surtout inattendue à ceux qui savent, comme nos troubadours, ce que la musique et la poésie peuvent pour atténuer l’absurdité du monde.

NOUVEAU RÉPERTOIRE

Grégory Dargent, Étienne Gruel et Manu Théron reprennent avec l’énergie d’une espérance retrouvée les « sirventés de guerre » de l’âge d’or occitan. Le sirventés, ce chant contestataire et sans détours, ancêtre de la protest song, est la matrice de tous les chants de luttes et de combats. Les troubadours, princes-poètes du midi, premiers auteurs-interprètes d’Europe au XIIè siècle, les ont « trouvés » (écrits) autant pour conjurer les horreurs du siècle ou s’enhardir à la bataille, que pour moquer seigneurs, papes et puissants, et conspuer pêle-mêle les amours déçues et les existences vidées de sens terrestre. 
Nos musiciens ont choisi d’incarner ces textes en s’appropriant mélodies et thèmes avec leur culture du monde d’aujourd’hui, où la guerre est invoquée en permanence et est devenue un mode de pensée et une posture. Le ‘oud révolté et puissant de Grégory Dargent s’y déploie avec un brio détaché qui contraste idéalement avec le chant engagé et profondément tendre de Manu ThéronÉtienne Gruel, maître du temps et des percussions, arbitre la rencontre avec une attention subtile, et anime toutes les hardiesses, tous les exploits dont le trio est capable. Car dans cet immense cri de deux siècles, il y a aussi la joie du défi et du jeu, le combat entendu comme plaisir humain de voir se confronter des idées et des rêves de jouissance. L’homme se fait torero des mots, des sons et des sens, en épuise la substance pour la magnifier  dans ce défi ultime que porte le chant.

Résidence de création en Inde (Tamil Nadu)

du 27 mars au 4 avril – South Zone Cultural Centre Thanjavur et Alliance Française de Chennai

Le trio SIRVENTÉS poursuit son exploration des grands textes de la lyrique des troubadours en associant des musiciens du Tamil Nadu (Inde du sud) à l’élaboration finale du répertoire de « Batèsta », son prochain album.

Chants de guerre, de déploration de la guerre, chants d’emprisonnement, chants de combats. Grégory Dargent, Étienne Gruel et Mànu Théron n’avaient aucune idée, voilà deux ans, de l’actualité tragique que pourraient évoquer ces textes anciens aujourd’hui. Après l’avoir baigné d’influences orientales et méditerranéennes, ils voulaient dépayser un peu plus ce répertoire en invitant des musiciens d’une autre culture de l’oralité et du mythe à le revisiter avec eux.

 Les Troubadours – chanteurs, princes et poètes qui ont écrit et composé en langue occitane dans le sud de la France au XIIe siècle – ont laissé à la postérité de nombreux textes, dont certains sont même accompagnés de leurs mélodies originales.

Grégory Dargent, Étienne Gruel et Mànu Théron ont fondé le trio Sirventés pour chanter cette poésie et la magnifier dans le style qui la caractérise le plus (après la canson d’amour), c’est-à-dire le sirventés, texte polémique, contestataire et vivifiant, souvent créé à partir de mélodies populaires. Dans ce nouvel opus consacré aux chansons liées à la guerre et aux batailles, les musiciens ont voulu chercher une nouvelle inspiration dans le Tamil Nadu. Comme la culture occitane, la culture tamoule regorge d’histoires parallèles, et surtout de sons vivants et inspirants. Le groupe a donc choisi d’inviter Mylai Karthikeyan au Nadhaswaram et Sekar Kothandaraman au Thavil pour les assister dans le développement de cette nouvelle création.

Résidence et concerts en partenariat avec l’Alliance Française de Madras, l’Institut Français en Inde, le Festival « French Rendez-vous » organisé en collaboration avec le Consulat Général de France à Pondicherry et Chennai, le gouvernement de Pondicherry, et le gouvernement du Tamil Nadu.

Crédit photographe : Romain Boutillier 

INTERPRÈTES

Manu Théron (voix) : C’est dans le sud de l’Italie et en Bulgarie – où il a vécu plus de quatre ans – que Manu Théron découvre le chant, avec la compagnie assidue d’interprètes et de chœurs traditionnels. Décidé à ancrer la chanson occitane dans notre monde méditerranéen, il fonde le groupe Gacha Empega et Lo Cor de la Plana. Musicien passionné, il offre l’originalité de son interprétation à cette culture occitane renouvelée, qu’il partage sur scène et à travers son enseignement.

Gregory Dargent (oud – arrangements) : Guitariste électrique et joueur d’oud, compositeur, metteur en scène, Gregory Dargent cultive sa schizophrénie musicale et identique à travers des musiques improvisées, des transes touaregs, du jazz, du maqam turc, des musiques minimalistes, de la pop, des chants afro-américains ou de la chanson pop française. De l’Hijâz’Car à Babx, de la chanteuse berbère Houria Aïchi à Camélia Jordana, de la musique de film aux chorégraphies contemporaines, avec le oud le plus acoustique ou les guitares les plus nucléaires, Gregory gère, accompagne, compose, lectures, interrogations, fouille, fait une erreur, rebondit, arrange, orchestre et partage sans relâche ses passions musicales.

Etienne Gruel (percussions) : il se spécialise exclusivement dans les percussions digitales orientales (daf, derbouka, tapan, cajon, reck, zarb). L’apprentissage oral des musiques auprès de maîtres en percussions et ses nombreux voyages façonne son jeu et sa sensibilité. Aujourd’hui il mène des actions pédagogiques auprès de différents publics et comme concertiste il est engagé dans divers projets artistiques comme l’Hijaz Car, Huria Aichi, le trio Safar, et le Grand Ensemble de la Méditerranée.

Tous les événements passés

Événements passés

08 mars 2024
07 avril 2022

SIRVENTÉS – CHENNAI (IN)

Alliance française auditorium
19 h 00 min - 21 h 00 min
06 avril 2022

SIRVENTÉS – PONDICHERRY (IN)

Pondicherry Old Music Bandstand
18 h 30 min - 20 h 30 min